La petite histoire du mouvement communautaire

Souligner le 30e anniversaire de la Maison Richelieu Hébergement Jeunesse, c’est aussi laisser sa mémoire remonter le temps et se rappeler la petite histoire du mouvement communautaire autonome québécois qui a pris son essor dans les années 60…

La période de la Révolution tranquille, marquée par une réorganisation complète de l’appareil étatique québécois et l’instauration d’un nouveau modèle de développement économique, a connu une ère de prospérité, mais également un accroissement des inégalités sociales. L’avènement des organismes de loisirs et de charité, fondés sur les valeurs d’entraide et de solidarité, vient ainsi teinter cette époque.

Les années 70 soufflent un vent d’expérimentation sociale et voient se multiplier les comités de citoyens des milieux défavorisés. De multiples projets novateurs issus de la communauté et axés sur la participation sont mis en place. On assiste alors à l’émergence des garderies et des groupes pour la défense des droits, ainsi qu’au développement du mouvement des femmes qui intensifie ses actions. Les organismes communautaires refusent le rôle de simples prestataires de services. La longue lutte du financement par l’État vient également tapisser la toile de fond de cette période.

La situation économique des années 80, fragilisée par le désengagement de l’État orienté sur la privatisation et les hausses de tarifs dans les services publics, voit naître de plus en plus de regroupements d’organismes communautaires portant une visée de transformation sociale. C’est dans ce mouvement qu’en 1985, entre en scène la Maison Richelieu Hébergement Jeunesse, qui rejoindra en 1988, le Regroupement des Auberges du cœur du Québec. On assiste également à la formation de nombreuses concertations du milieu communautaire sur les plans régional et sectoriel, ainsi qu’à la mise en place du modèle d’économie sociale.

Au cours des années 90, l’enjeu de la reconnaissance et du financement vient confronter de plus en plus les organismes communautaires en ce qui a trait à leur autonomie. Tandis que les besoins de la population augmentent, la précarité de leur financement devient une réalité de plus en plus préoccupante pour les groupes d’action communautaire autonome, travaillant «avec et pour» les communautés.

La première politique gouvernementale québécoise de reconnaissance et de soutien de l’action communautaire, adoptée au début des années 2000, prétend répondre à «l’exigence essentielle du respect de l’autonomie des organismes communautaires dans leurs différents rôles sociaux» et «dégage des principes devant guider les efforts du gouvernement pour aider le milieu communautaire à consolider son action et son rayonnement». Cette politique implique une révision des pratiques gouvernementales, notamment en matière de financement. Mais les années passent et la représentation utilitariste de l’État vis-à-vis les groupes communautaires ne fait que se renforcer. Les organismes sont de plus en plus interpeller par le réseau public pour dispenser des services complémentaires dans le cadre d’ententes de service.

C’est le 11 octobre 2012 que les représentants et représentantes des 3000 organismes communautaires en santé et services sociaux lancent la campagne de mobilisation « Je tiens à ma communauté, je soutiens le communautaire ». Ils interpellent le gouvernement provincial pour discuter d’un plan national de redressement, afin de combler les besoins financiers des organismes et de mettre en pratique les engagements pris en 2001 avec la sortie de la politique de reconnaissance et de soutien de l’action communautaire.

Automne 2015, la campagne se poursuit, les actions des groupes s’intensifient et le sous-financement chronique des organismes communautaires autonomes est toujours au menu.

Bonne rentrée!

Chantal Larouche
Directrice générale